Mois : mars 2021

JDB#2 – Les attraits de la lecture amateur

Temps de lecture : 3 minutes

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Cher « journal de bord »,

Ces derniers mois, je me rends compte avoir lu de nombreux extraits et manuscrits d’écrivains amateurs. J’en tire bien sûr de la satisfaction d’avoir aidé un confrère, mais aussi de l’enseignement et du plaisir.

Est-ce que cet exercice est un passage conseillé pour progresser en écriture ? Je ne suis pas loin de penser que oui.

L’effet miroir de ses propres erreurs

C’est souvent plus facile de critiquer le travail d’autrui, que de voir les défauts dans son propre travail. C’est d’autant plus vrai sur un projet d’écriture à long terme.

En plus de l’entre-aide, la lecture d’autres amateurs produit un effet miroir sur son propre travail. On se rend compte de ses propres lourdeurs, incohérences, répétitions, que l’on critiquait précédemment dans le texte d’autrui. Ces erreurs étaient pourtant là depuis le début et on ne les voyait plus à force d’écrire et relire son travail.

Pour progresser en écriture, il m’a souvent été dit qu’il fallait beaucoup lire. Je rejoins l’adage. Dans son prolongement, je pense que l’analyse de texte amateur est encore constructif.

Cet exercice relève de l’étude. Nos travaux d’amateur sont perfectibles. Ainsi, leurs lectures nous condamnent-t-ils à être laborieuse ?

L’étincelle qui réside dans chaque texte amateur

Je me rappelle avoir eu les larmes aux yeux, alors que je lisais le dernier chapitre d’un livre d’une amie sur mon portable. Pour accompagner ce support de lecture discutable, mon accoutrement l’était tout autant: je portais des tongs, mon marcel estival et mon short du Racing Club 92. Je me tenais au milieu des poubelles de ma cour d’appartement, entouré de mes chats que j’avais sortis pour qu’ils gambadent. J’étais donc au sommet de ma virilité, quand mon voisin m’a surpris à mes dépends. Il avait fallu que je justifie au moins pourquoi je pleurais.

J’ai rarement été autant ému par un livre. Cette fiction autobiographique que je venais de lire, traitait de la vie de la grand-mère de l’auteur. Cette dame avait eu une vie tout aussi simple qu’incroyable. L’histoire était bien écrite, mais il y avait quelque chose en plus. Ce quelque chose de singulier et puissant qui m’avait ému. Ce quelque chose, je l’ai retrouvé ensuite dans le travail d’autres amateurs.

L’écrivain y avait mis ses tripes !

Preuve du contraire, nous ne tapons pas frénétiquement nos mots dans nos mouroirs dans l’espoir de devenir riche un jour. Avec plus ou moins de subtilité, nous écrivons pour mettre en forme quelques choses que l’on a besoin d’exprimer. Pour l’exemple, mon amie voulait rendre hommage à sa grand-mère et témoigner de son courage de femme, à une époque où la vie avait moins de valeur.

En l’occurrence ce mini-livre était agréable à lire. Cela n’a pas été le cas de tous les textes amateurs que j’ai lus. Je peux que m’inclure dans cette catégorie.

Le texte amateur est plus ou moins bien écrit, avec peut être un excès de répétitions, un manque de forme, des stéréotypes énormes, un style trop ampoulé, des métaphores maladroites, des retournements de situation improbables ou prévisibles…

J’ai parfois regretté d’avoir promis ma bêta-lecture à la découverte du texte.

Cependant, j’en ai toujours trouvé du bon. Parfois, il aura fallu creuser profond, persévéré et comprendre ce qui aura poussé l’écrivain à écrire ces lignes. Une fois cette intention extraite, elle est toujours magnifique à contempler. On comprend la motivation de l’auteur, qu’importe son niveau et on la respecte.

Gloire aux textes amateurs !

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JDB#1 – L’écriture d’un anti-héro « loser-magnifique »

Temps de lecture : 2 minutes

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J’ouvre ce « journal de bord » par une réflexion d’écriture que je n’arrive pas à conclure: comment concevoir un anti-héro ? J’ai beau être fasciné par ce type de personnage (en particulier les loser-magnifiques), je n’arrive pas à maîtriser leur écriture.

On a tous en nous quelque chose d’anti-héro.

Mon père en est le meilleur exemple pour moi. Un jour où nous étions tous deux en voiture. Il conduisait en me racontant sa vie triomphante d’agent commercial. Il est une sorte de tonton flingueur de la vente. Je lui ai avoué vouloir un jour m’inspirer de lui, pour réussir à mettre en mots un anti-héro.

Je lui ai dit un brin moqueur: « Papa. Tu es le plus grand anti-héro que je connaisse. Un jour, je m’inspirerai de toi pour écrire mon personnage principal… »

Mon père m’a regardé un court instant droit dans les yeux, avant de revenir à sa route. Il serra un peu plus fermement son volant et m’affirma avec un sourire aux lèvres, plein d’assurance qui le caractérise: « Putain non ! J’suis un héro moi ! »

Surpris de prime abord, je finis par lui répondre satisfait de moi-même: « Exactement ! »

Mon père venait de me donner la voie !

À ses dépends, il venait de me prouver qu’il était un anti-héro. C’était exactement ce qu’aurait dit un tel personnage.

Malgré cette riche interaction avec mon père, j’ai encore beaucoup de mal à poser sur papier un tel protagoniste. J’apprends par moi-même. Je prends des notes à chaque fois que je reconnais une attitude d’anti-héro dans la vie ou dans la fiction.

Un ingrédient qui me manquait

Il me semble que pour réaliser la recette d’un anti-héro type « loser-magnifique », il faut que le personnage cherche à briller, sans qu’il ait conscience de ses faiblesses ou de ses défauts apparents. Par ce biais, il créait de la sympathie, voir de l’admiration chez le lecteur.

C’est d’ailleurs pour ça que je trouve mon père tellement cool !

Concernant mon manuscrit, il m’a semblé évident du dysfonctionnement de mon anti-héro, quand après avoir parlé avec mon frère, celui-ci m’a révélé ne pas comprendre pourquoi le personnage principal buvait.

Après réflexion, mon frère m’avait donné la clef manquante de l’écriture du personnage principal. Celui-ci faisait le malin, il était arrogant, mais sa blessure n’était pas évidente aux yeux du lecteur et des protagonistes qui interagissaient avec lui.

De ces deux expériences, je travaille actuellement corriger le tir. Ce sera peut-être la dernière grosse retouche de mon manuscrit avant d’en déclarer le point final.

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